Le Nunchaku

Cet avatar du fléau, qui fut (re)découvert par les films « made in Hong Kong » des années 70, est le prototype de ce que l’on pourrait appeler les armes « à géométrie variable ». Nunchaku kobudo

Son efficacité est liée à la force centrifuge de l’extrémité libre obtenue lors des mouvements « pendulaires » ou de projection.

La difficulté fondamentale de cette arme reste la maîtrise de sa trajectoire ; sous peine d’une punition quasi immédiate pour l’utilisateur maladroit ou trop confiant ! D’ailleurs, si vous vous êtes déjà essayés à quelques jongleries avec cette arme, vous vous êtes sans doute demandés comment éviter, au moment de la frappe, d’être blessé par le « retour du bâton ».

Techniques de base de Nunchaku

Nunchaku Dai Ichi

A l’origine, le Nunchaku était, paraît-il, une arme de self-défense ; plus particulièrement, celle des femmes. On peut en effet facilement le dissimuler sur soi. Il en existe d’ailleurs une version à 2 manches s’emboitant l’une dans l’autre. Par contre, les versions à chaines n’existaient pas à Okinawa (rappelez vous l’interdit sur l’usage du fer).

Steve Piazza Nunchaku

Steve Piazza Nunchaku

Si vous avez déjà lu les articles sur les Saï et les Tonfa, vous vous doutez que les proportions du Nunchaku ne sont pas quelconques. Les branches, d’une longueur de 1 shaku, doivent couvrir l’avant bras. La ficelle centrale liant les deux branches ne doit pas excéder plus de la largeur du poing ; c’est un compromis entre mobilité, précision et fragilité.

Le Nunchaku est une arme intéressante. Elle est moins polyvalente que le Bō et d’une efficacité plus problématique que le Tonfa ou le Saï contre, par exemple, une arme blanche comme un sabre ou une lance.

Jonglerie avec Nunchaku

Sa manipulation « folklorique » qui peut être une éblouissante jonglerie nous éloigne des arts martiaux. D’ailleurs, cette orientation a quelque peu dévalué son « image de marque » auprès des pratiquants. Il n’en reste pas moins que son acquisition est indispensable pour progresser dans les armes et la connaissance du Kobudo.

Le Sansetsukon

Le Sansetsukon, littéralement « bâton relié à 3 sections » est un « Nunchaku à 3 branches ». En l’appelant ainsi, on commet cependant un « barbarisme » puisque « nun » veut signifie deux (2)… Il s’agit d’une arme et non d’un outil ; qui serait d’ailleurs fort peu commode !

D’origine chinoise, le Sansetsukon aurait été longtemps l’arme favorite des convoyeurs : un bâton qui pouvait se glisser dans un sac de voyage.

 

Steve Piazza Senseï avec le Sansetsukon

La légende (chinoise) raconte qu’un maître de bâton, agressé, ait cassé ce dernier, probablement sur la tête d’un malandrin. Au village suivant, il aurait demandé au forgeron de relier les deux extrémités par une chaîne. Les routes de l’Empire du Milieu n’étant décidément pas très sûres (et son bâton peut être un peu fatigué), il ne tarda pas à rééditer la fracture avec l’autre extrémité. Après une seconde halte chez un forgeron, les trois morceaux du bâton étaient reliés par des chaînes et le Sansetsukon était né!

 

L’intérêt de cette arme est justement associé à sa maniabilité et à son imprévisibilité. Le troisième bâton peut frapper par dessus une parade. De plus, les deux extrémités, très mobiles, peuvent se manipuler comme deux bâtons courts. Ajoutez à cela toutes sortes de techniques de moulinet et vous aurez quelques bosses de plus ainsi qu’une réelle estime de cette belle arme ; qui reste toujours suffisamment difficile pour vous réserver de longues heures d’étude.

Les Kama

Bien évidemment, cet outil de paysan par excellence, comportant une lame acérée comme rasoir, elle a été largement utilisée par le peuple, à Okinawa comme ailleurs ; nos « jacqueries », faucilles et faux tinrent lieu d’épées et de hallebardes pour les paysans.

Tous les types de Kama

 

 

Les Okinawaiens disposent de plusieurs types de Kama, pour les différents usages, selon que les végétaux ou fruits à couper soient plus ou moins résistants ou ligneux. Les plus utilisées en Kobudo se trouvent encore au rayon « outils agricoles » des supermarchés okinawaiens contemporains! Il s’agit d’une faucille légère, à lame placée à angle droit par rapport au manche, et très affutée. Le manche est de la longueur de l’avant bras qu’il peut venir renforcer pour certaines parades.

 

Les anciens ont imaginé de manier ces Kama par paire, ce qui leur confère une grande efficacité et une redoutable difficulté de manipulation! L’utilisation des Kama en travail avec partenaire a d’ailleurs valu, outre quelques estafilades, de beaux cauchemars à certains kobudokas… Ceci dit, l’arme reste fascinante.

Pour achever de vous impressionner, sachez qu’il existe une variante, particulièrement difficile, où les Kama sont attachés aux poignets par des ficelles de plus de 1,50m. La manipulation, très dangereuse, est réservée à un travail pour des grades au dessus du 5ème Dan